Selop, l aine de la famille de la tante de marine, chez qui nous avons dormi ces derniers jours, n a pas vraiment de travail comme nous l entendons chez nous. Il est pourtant tres qualifie dans tout un tas de domaines, mais disons qu il n a pas de "CDI".
De fait, l une de ses activites, s il recoit un coup de fil la veille, est d emmener les gens qui ont des fruits a vendre au marche a Yerevan. Depart 5h, rendez vous devant le portail de leur maison, il aide a charger les cagettes d abricots, de peches, de cerises, de prunes, de pommes, bref, de fruits puis conduit les gens au marche.
De Garni, le village de la famille, il faut compter 45 minutes en Gelaz (les fameux camions russes que l on a si souvent pris en mongolie) et nous arrivons au marche vers 6h. Le marche n est pas encore ouvert au public, qui arrivera plus tard dans la matinee.
Une certaine activite regne deja la bas et il nous faudra 2 jours pour bien comprendre comment fonctionne cette petite fourmilliere.
Car chacun y a son role propre et il faut bien observer pour se rendre compte qu il n y a pas que des vendeurs de fruits mais tout un tas de professions diverses.
Le Gelaz n est pas encore a l arret que les acheteurs ouvrent les portes, sortent les cageots de fruits et commencent a faire des propositions aux producteurs que nous avons amenes.
Il faut dire que les fruits de Garni sont tres demandes, car ils poussent naturellement en abondance dans cette vallee ou le soleil est genereux. En Armenie, il n y a pas de "bio", mais il n y en a pas besoin. Aucun produit chimique n est utilise dans aucune phase de la production. Ils sont parfaitement naturels. C est en tout cas, le cas des fruits venant de Garni justement, car plus pres de Yerevan, les pesticides commencent a apparaitre petit a petit. Il n empeche, rien a voir avec nos fruits a nous.
Les discussions sont tres mouvementees, c est plutot amusant d assister a ca. On tate les fruits, on fait des propositions, on s emballe a l annonce du prix, on part en colere puis on revient reproposer le meme prix ou un peu moins... Bref on negocie puis une fois tout le monde d accord, on se serre la main.
L etape suivante est de peser la marchandise, les caisses font souvent 20kg au moins, et on verifie et on tient ses comptes pour les plus gros acheteurs du marche.
Enfin, une fois la transaction achevee, on appelle le porteur qui charge les caisses sur son charriot et amene la marchandise devant l etal du vendeur.
Celui ci va alors disposer ses fruits selon une methode qui lui est propre mais nous demeure secrete, en tout cas tout a fait consciencement, car chaque detail compte apparement ! Une pasteque peut etre retouchee plusieurs fois avant de voir sa place definitive arretee.
On fait les derniers preparatifs, on tent les toiles qui protegent du soleil, on observe de pres ou de loin. Certains choix sont durs a faire car les fruits sont de moindre qualite que ceux de Garni, ou les prix proposes sont trop chers... Il faut alors prendre le temps de la reflexion.
Il reste a se detendre devant un cafe prepare par la ravissante jeune femme du stand, que beaucoup d hommes preferent a la "mamik" dont le cafe est pourtant tout aussi bon.
Pour ceux qui s ennuient, la seule vraie distraction digne de ce nom present sur le marche est la petite machine a sous qui permet, une fois sur 30, d attraper un paquet de cigarettes pour 100 drams... Au final, la clope revient plutot chere !
Allez Petrus, savoure la celle la !
Puis, vient le moment ou toutes les affaires sont faites, toutes les caisses de fruits vendues, tous les contacts salues et entretenus. Nous reprenons alors le Gelaz, charges cette fois de fruits et legumes pour nous, pour les dolmas que Nona va nous cuisiner, et rentrons sur Garni finir notre nuit trop tot coupee ce matin....